Allocution pré-budgetaire de Warren (Smokey) Thomas, président du SEFPO, au Comité permanent des finances et des affaires économiques

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Allocution de Warren (Smokey) Thomas, président du Syndicat des employés de la fonction publique de l'Ontario, au Comité permanent des finances et des affaires économiques – objet : Budget de l'Ontario 2015-2016

Salle du comité 151, édifice de l'Assemblée législative, Queen's Park, Toronto Le 29 janvier 2015, 9 h 30.

Bonjour, mon nom est Warren (Smokey) Thomas et je suis le président du Syndicat des employés de la fonction publique de l'Ontario. À mes côtés aujourd'hui, Randy Robinson, économiste politique du SEFPO.

Nous sommes ici pour parler du prochain budget de l'Ontario au nom d'environ 130 000 Ontariennes et Ontariens qui font un travail essentiel pour toutes les collectivités et les personnes de notre province, y compris pour chaque personne de cette salle.

Pas un jour ne passe sans que vous bénéficiez du travail varié et essentiel que procurent les membres du SEFPO.

Grâce au travail des membres du SEFPO, l'Ontario est une province plus équitable, plus sûre et plus compatissante. Grâce à leur travail, nous vivons dans une société meilleure.

Grâce au secteur public, l'Ontario est également une province plus prospère.

L'ensemble des dépenses publiques de tous les paliers de gouvernement contribue pour environ 20 pour cent des emplois dans l'économie de l'Ontario. Permettez-moi de citer un chiffre important : parmi les personnes actives en Ontario, 32 pour cent vivent dans un ménage où au moins une personne travaille dans le secteur public.

Cela signifie que quand on réduit les salaires et les avantages sociaux des membres du SEFPO, ou d'autres employés de la fonction publique, on réduit le pouvoir d'achat de près d'un tiers des personnes qui travaillent dans cette province. On réduit non seulement le pouvoir d'achat des familles, mais aussi notre capacité à créer de bons emplois avec de bons salaires en Ontario.

Le Centre for Spatial Economics, une firme de prévisions économiques réputée, a évalué que le programme d'austérité du gouvernement libéral se traduira par une réduction de 105 000 emplois en Ontario et de 0,6 point de pourcentage de la croissance du PIB en 2015.

Un ralentissement de la croissance, bien sûr, signifie moins de recettes fiscales. Après cinq années de gel des salaires et de réductions des avantages sociaux dans tout le secteur public de la province, il n'est donc pas étonnant que le déficit de l'Ontario augmente.

L'austérité, ça ne marche pas.

Il est temps d'arrêter les réductions de salaires. Il est temps de redonner de l'argent aux ménages. Il est temps d'augmenter le pouvoir d'achat des consommateurs afin de créer les bons emplois bien rémunérés dont cette province a besoin.

Des services publics forts se traduisent par une population et une économie prospères. Mais à l'heure actuelle, tous nos services publics sont affaiblis – sans exception. Il est temps de réinjecter de l'argent dans les services publics.

Les gens en ont besoin. Ils le méritent. Ils en dépendent.

Et, tout aussi important, il est temps de relever le niveau de vie des Ontariennes et Ontariens les plus démunis.

Dernièrement, le Système automatisé de gestion de l'aide sociale (SAGAS) a attiré l'attention des médias en raison de problèmes dans la distribution de chèques inexacts aux bénéficiaires. Ce dont nous n'avons pas entendu parler, c'est du très faible montant de ces chèques.

Comment une personne seule prestataire du programme Ontario au travail peut-elle joindre les deux bouts avec 626 $ par mois? Nous devons augmenter les prestations – considérablement – tant pour le programme Ontario au travail que pour le Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées. Des petits rajustements au-dessous du taux de l'inflation ne suffisent pas.

Nous avons les moyens de prendre soin les uns les autres. De nos jours, l'Ontario dépense moins par personne dans les services publics que toute autre province au Canada. Alors que dans le même temps, notre PIB par personne atteint un niveau sans précédent.

Il y a beaucoup d'argent dans cette province. Nous avons les moyens d'avoir les services publics dont les gens ont besoin, et qu'ils s'attendent à recevoir de leur gouvernement, dans une nation riche et industrialisée. Par contre, nous n'avons pas les moyens de canaliser la richesse de la province vers ceux qui en ont le moins besoin.

Depuis les 20 dernières années, on assiste, en Ontario, à un transfert massif des richesses des gens ordinaires et des services publics vers les grandes sociétés et les particuliers aux revenus élevés qui les dirigent.

Ce transfert est le résultat des réductions d'impôt et des privatisations.

Beaucoup de choses ont déjà été dites sur la fiscalité et j'ajouterai seulement ceci : à une époque où les sociétés canadiennes ont dans leurs coffres un montant de 600 milliards de dollars de liquidités, nous avons besoin d'instaurer des mesures fiscales progressistes afin de donner un nouveau souffle aux services publics et de faire circuler cet « argent qui dort dans des coffres » dans nos communautés.

Avec cet argent, on pourrait créer des emplois et améliorer les services. Avec cet argent, on devrait créer des emplois et améliorer les services.

En ce qui concerne la question des privatisations, il y a longtemps qu'on a franchi la ligne jaune. On est allés trop loin.

Nous avons tous entendu parler du rapport de la vérificatrice générale. Nous savons tous que 8 milliards de dollars de trop ont été dépensés dans de grands projets d'infrastructure à cause du modèle de « diversification des modes de financement et d'approvisionnement » choisi par le gouvernement. Nous savons tous que cet argent provient tout droit du trésor public.

En termes de perte d'argent, c'est au moins 100 fois pire que ce qui est arrivé à Ornge. À tout le moins, cela justifie une enquête spéciale du Comité des comptes publics.

Malheureusement, le gaspillage des deniers publics ne concerne pas seulement des privatisations de projets d'infrastructures.

À cause de la politique de « diversification des modes de financement et d'approvisionnement » du gouvernement, des sociétés reçoivent des seaux pleins de dollars pour procurer des services à des coûts plus élevés que le secteur public.

Les coûts excessifs de la sous-traitance des services des technologies de l'information, des tests de laboratoire médical, des magasins-agences de la LCBO et d'autres services sont désormais établis. La sous-traitance nous coûte des centaines de millions de dollars, et ce, chaque année, sans exception.

Manifestement, il est temps de contrôler les privatisations. C'est la raison pour laquelle je propose qu'on adopte une législation afin d'examiner rigoureusement toutes les propositions de privatisation. On aurait ainsi les moyens de rejeter les mauvaises avant qu'elles n'entrainent des conséquences néfastes. Dans le cadre de mon plan en cinq points et de cette nouvelle législation :

  1. Aucun service public ne serait privatisé ou sous-traité sans consultation publique et preuve irréfutable que la privatisation conduirait à une amélioration des services.
  1. Aucune décision de privatiser ou de sous-traiter un service ne serait prise sans un processus d'examen complet et ouvert conduit par un organisme ou un particulier indépendant, qui veillerait à ce qu'une analyse coût/bénéfice et des études d'impacts social et économique exhaustives soient effectuées.
  1. Les travailleurs du secteur public, leurs représentants et les autres parties intéressées auraient qualité pour agir dans le processus d'examen.
  1. L'organisme d'examen ou le particulier en charge de l'examen rédigerait un rapport final qui serait soumis à l'Assemblée législative de l'Ontario avec ses recommandations et toutes les études et analyses.
  1. Dans le cas où une privatisation précise serait recommandée, les employés auraient la possibilité de travailler pour le nouvel employeur en gardant leurs droits, acquis et avantages sociaux existants.

Je serais ravi que cette législation figure dans la loi budgétaire.

Cette année, j'ai volontairement abrégé mon discours afin d'avoir plus de temps pour répondre à vos questions. Maintenant, c'est avec plaisir que nous répondrons à vos questions.