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Le président Thomas demande la mise en place d’un « plan responsable » pour la vente de cannabis

Le 11 octobre, dans la foulée du lancement de la campagne pour un Plan responsable visant à appuyer un modèle de vente de cannabis géré par le secteur public, le président du SEFPO, Warren (Smokey) Thomas, a présenté un exposé du syndicat concernant le projet de loi 36, la Loi de 2018 modifiant des lois en ce qui concerne le cannabis, au Comité permanent de la politique sociale de l’Assemblée législative de l’Ontario.

Vous pouvez lire l’exposé (en anglais) dans son intégralité en cliquant ici :

2018-10-10_fnl_submission_bill_36_cannabis.pdf

Et voici l’allocution que le président Thomas a prononcée devant le Comité :

Je vous remercie de me donner l’occasion de faire cette présentation, aujourd’hui, au sujet du projet de loi 36, la Loi de 2018 modifiant des lois en ce qui concerne le cannabis. Mon nom est Warren (Smokey) Thomas et je suis le président du Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario.

Si je suis ici aujourd’hui, c’est parce que l’Ontario a besoin de mettre en place un plan responsable pour la vente au détail de cannabis. La légalisation du cannabis est l’un des changements de politique sociale les plus controversés de la dernière décennie. Elle comporte plusieurs risques sérieux – en particulier pour les enfants. 

Si le souci de ce gouvernement est de réduire ces risques autant que possible, il doit procurer l’option d’un modèle public pour assurer la vente au détail. 

Le SEFPO est fier de représenter 155 000 travailleurs et travailleuses dans la fonction publique de l’Ontario et à travers le secteur parapublic, y compris plus de huit mille d’entre eux qui travaillent à la LCBO. 

Nos membres de la LCBO sont des experts de la vente responsable d’alcool. Parce qu’ils sont qualifiés et formés, ils contribuent à la sécurité de nos enfants et communautés. Ils travaillent pour la LCBO, une entreprise publique gérée par le gouvernement, et la responsabilité sociale est une question qu’ils prennent très au sérieux. 

Durant l’exercice 2016-2017, ils ont contrôlé l’identité de plus de 14 millions de clients et refusé de vendre de l’alcool à plus de 250 000 individus – principalement parce qu’ils étaient mineurs.

Contrairement au secteur privé, il n’y a pas que les profits qui comptent à la LCBO – la santé et la sécurité de la population sont également des éléments clés de son mandat.  

La LCBO est un atout inestimable pour la province : elle verse chaque année un dividende de plus de deux milliards de dollars au gouvernement de l’Ontario qui sert à financer les écoles, les hôpitaux et d’autres services publics.  

La LCBO est une entreprise du gouvernement qui a été testée, qui a fait ses preuves, qui est efficace et plus important encore, qui a toute la confiance des Ontariennes et Ontariens. Les résultats d’un sondage très récent, qui a été effectué par la firme Nanos Research, le confirment. 

Mais la légalisation du cannabis nous entraîne en territoire inconnu. 

Je pourrais énumérer un millier de raisons qui doivent nous inciter à la prudence, les risques pour la santé, les problèmes de sécurité publique et de conduite avec facultés affaiblies par la drogue et l’exposition de nos enfants à cette drogue. Pour des raisons de temps, je ne citerai que celles-là.

Je pense que nous pouvons tous convenir que les risques sont réels. 

J’ajouterai que les experts de la santé publique nous mettent en garde depuis des années sur le fait que ce sont les enfants qui courent le plus grand risque de subir les effets les plus graves de la consommation de cannabis. Le taux de consommation de cannabis est plus de deux fois plus élevé chez les jeunes que chez les adultes. Cela pose un véritable problème au moment de légaliser le cannabis. 

La question est de faire ce qu’il faut pour assurer la sécurité de nos enfants? Selon le dernier sondage effectué par Nanos, les Ontariens ont choisi la LCBO. 

Les Ontariens sont 11 fois plus susceptibles de choisir la LCBO qu’un magasin privé pour garder le cannabis hors de la portée des mineurs. 

Les Ontariens sont 9 fois plus susceptibles de choisir la LCBO pour assurer la sécurité dans nos communautés.

Il est clair qu’ils préfèrent le modèle de la LCBO.  

C’est la raison pour laquelle, en septembre 2017, à la suite de vastes consultations publiques, le gouvernement de l’Ontario avait annoncé que la LCBO ferait partie intégrante de son plan visant à vendre et à distribuer le cannabis récréatif aux adultes de manière sûre et socialement responsable.

Tout le monde sait qui est la population la plus vulnérable. 

Il y a de nombreuses inconnues avec la légalisation du cannabis. Il est donc logique que de nombreux Ontariens et Ontariennes s’inquiètent des retombées – pour leurs enfants et leurs communautés. 

Selon ce sondage, près de 70 pour cent des Ontariennes et Ontariens s’inquiètent du fait que les enfants puissent acheter du cannabis. 

Il y a beaucoup d’anxiété et les erreurs ne seront pas pardonnables. C’est pourquoi nous devons bien faire les choses. 

Et avec le modèle de la LCBO, nous avons beaucoup plus de chances de ne pas aller dans le mur. C’est tout l’objectif d’un plan responsable. 

Pensez-y, nous avons une entreprise publique, qui a déjà fait ses preuves. Il serait logique d’investir dans la LCBO et de consolider ce bien public en lui permettant de vendre et de distribuer le cannabis.

Nous avions un bon plan, et pendant la campagne électorale, le premier ministre Ford avait promis, à la télévision, de s’en tenir à ce plan.

Pourquoi une telle volte-face et qui bénéficiera de ces changements? Je peux vous assurer que ce ne sera pas « la population de l’Ontario ». Le gouvernement va instaurer un far west du pot parsemé de boutiques privées; les sociétés du cannabis se frottent déjà les mains.  

Il s’avère que le marché du cannabis en Ontario est plus secret et occulte qu’il ne l’a jamais été. 

Après avoir appris de possibles relations suspectes entre des sociétés du cannabis et d’anciens adjoints politiques tels que Will Stewart et Melissa Lantsman, nous apprenons maintenant qu’un entrepôt secret de distribution du cannabis aurait ouvert ses portes. 

Nous ne savons toujours pas à qui a été sous-traitée la gestion de cet entrepôt ni comment les travailleurs ont été embauchés. Nous ne savons pas si ces emplois ont été affichés ni si les travailleurs ont reçu une formation. 

À quelques jours de la légalisation, il est inquiétant de constater que le public ne dispose d’aucune information.  

Le SEFPO est l’agent négociateur des travailleurs à la Société ontarienne du cannabis et nous sommes profondément préoccupés par le fait que les travailleurs de l’entrepôt ne savent même pas qu’ils sont membres du SEFPO. Après tout, il n’y a eu aucune discussion. 

Que dire d’un gouvernement qui, un jour, promet transparence et reddition de comptes et qui, le lendemain, gouverne dans le secret. L’objectif de la légalisation du cannabis était de faire en sorte que la vente se fasse au grand jour.   

Il y a quelques semaines, j’ai assisté à un petit-déjeuner durant lequel le ministre Fedeli a fait une annonce importante concernant les finances de l’Ontario. Il a annoncé que l’Ontario se trouve dans une situation bien pire qu’il le pensait. 

Si c’est le cas, et si nous devons faire de « nombreux sacrifices » pour s’attaquer à notre énorme déficit, pourquoi remettre les milliards de recettes que rapportera la vente de cannabis au secteur privé? Cela n’a pas de sens. 

Je terminerai en disant ceci : nous avons besoin d’une approche prudente et responsable. 

Le modèle de vente au détail public – avec une main-d’œuvre bien formée et qualifiée – est l’approche la plus sûre. La LCBO ferait un meilleur travail pour assurer la sécurité de nos enfants et petits-enfants.

C’est la raison pour laquelle presque tous les organismes de santé publique de l’Ontario étaient en faveur du modèle public incluant la LCBO. 

C’est également la raison pour laquelle pourquoi un vent de contestation au plan du gouvernement souffle dans les municipalités. 

Le premier ministre Ford dit qu’il laisse les municipalités et villes libres de choisir la manière dont elles veulent vendre le cannabis; mais elles n’ont  vraiment le choix qu’entre les détaillants privés et le marché noir. 

C’est comme avoir le choix entre la peste et le choléra. 

Il n’est pas étonnant que les municipalités et villes de tout l’Ontario s’inquiètent de ces magasins de détail privés. Des dirigeants municipaux, à Markham et à Richmond Hill, sont tellement inquiets qu’ils parlent déjà de renoncer au plan de privatisation du cannabis. 

En raison de tous les risques que fait courir la légalisation du cannabis – en particulier pour nos enfants – les municipalités et villes ne devraient pas avoir à choisir entre deux maux. 

Les Ontariens et Ontariennes font confiance au modèle public pour assurer la vente au détail du cannabis. C’est un modèle bien plus sûr et les succursales de la LCBO, qui sont situées sur tout le territoire de la province, peuvent être facilement transformées.  

C’est la raison pour laquelle le gouvernement devrait donner une troisième option, l’option publique. Le projet de loi 36 doit être amendé afin de permettre aux municipalités et villes qui ne veulent pas de magasins privés de choisir l’option publique. Autrement, c’est le marché noir qui prospérera.   

La Société ontarienne du cannabis doit avoir le droit d’exploiter des magasins de détail directement ou indirectement.   

En ayant une option publique sur la table, les municipalités peuvent choisir ce qui est vraiment le mieux pour leurs propres communautés. 

Au SEFPO, nous mettons l’accent sur les prochaines élections municipales, nous procurons des ressources aux candidats et nous les encourageons à reprendre le contrôle de leur pouvoir et à dire non à ce plan mauvais et dangereux. 

C’est pourquoi je suis ici aujourd’hui. 

Bien sûr ce gouvernement majoritaire peut mettre en place tous les plans qu’il souhaite. Mais permettez-moi tout de même de vous rappeler que ce gouvernement et son chef se sont engagés à travailler « pour la population ». 

Les gouvernements qui brisent leurs promesses ne sont pas reconduits; jetez un coup d’œil autour de vous dans la salle.

Il est temps d’écouter la population. Donner une troisième option est un plan responsable. 

Je vous remercie. Maintenant, je répondrai avec plaisir à vos questions.