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Le président Thomas : Assez de politique, il est temps d'introduire l’éthique dans les soins de longue durée

L’éditorial suivant, du président de l’OPSEU/SEFPO, Warren (Smokey) Thomas, a été publié dans le Toronto Sun ce vendredi 7 mai.

Le président Thomas : Assez de politique, il est temps d’introduire l’éthique dans les soins de longue durée

Bien que le plafonnement des taux de rendement ne soit qu’une solution à court terme, il devrait permettre d’enclencher l’engrenage du changement.

Les profits versus les soins — c’est le bras de fer interminable que subit notre secteur des soins de longue durée.

En Ontario, où les deux tiers de tous les foyers sont des établissements privés à but lucratif, il n’est pas surprenant que le dollar tout puissant règne en maître. Et nous savons tous ce qui est arrivé. La COVID-19 a été un désastre absolu, mais il s’agit d’un désastre qui avait été prédit et qui aurait pu être évité.

Laissé entre les mains des politiciens, le secteur des soins de longue durée de l’Ontario est devenu un véritable gâchis — un gâchis dangereux qui a entraîné d’innombrables décès et souffrances.

C’est pourquoi il est temps de retirer les profits — et la politique — du système. Et il est temps d’introduire l’éthique dans l’équation.

C’est pourquoi l’OPSEU/SEFPO demande la création d’un commissaire, entièrement indépendant, chargé des questions relatives aux aînés et aux soins de longue durée – un commissaire nommé par l’Assemblée législative, comme la vérificatrice générale de l’Ontario, qui serait indépendant et au-dessus des joutes politiques.

Au lieu de faire rapport à un ministère, le commissaire ferait rapport directement à l’Assemblée législative — à la population de l’Ontario. Nommé pour un mandat de cinq ans, le commissaire serait chargé d’examiner des questions qui concernent les aînés en particulier, comme les soins à domicile, les soins de longue durée, le logement abordable et la santé mentale, pour n’en nommer que quelques-unes.

Dans son rapport cinglant, la Commission d’enquête sur la COVID-19 dans les foyers de soins de longue durée a proposé dernièrement 85 recommandations importantes pour remettre en état le système de soins de longue durée de l’Ontario. Bon nombre de ces recommandations reflètent les changements que notre syndicat exige depuis des années : embaucher plus de personnel, effectuer des inspections et une surveillance plus rigoureuses, financer l’infrastructure et la formation professionnelle, légiférer des normes minimales de soins et améliorer l’accès aux soins communautaires et à domicile.

Fondamentalement, nous avons besoin d’un nouveau modèle qui élimine la course au profit des soins aux résidents. Des soins de longue durée entièrement publics doivent être notre objectif à long terme.

Parce que les profits et les soins ne seront jamais compatibles.

Je suis conscient du fait qu’on ne peut pas changer l’ensemble du système du jour au lendemain. Heureusement, on peut investir facilement dans les soins de longue durée d’une manière qui privilégie l’éthique.

Le gouvernement provincial peut légiférer sur le taux de rendement pour veiller à ce que les entreprises à but lucratif ne puissent pas réaliser plus qu’un certain profit marginal – disons cinq pour cent. Tout montant dépassant ce seuil devrait être réinvesti directement dans les soins aux résidents, plutôt que de verser des primes exorbitantes aux membres de la direction, comme celles que Extendicare et Sienna Senior Living ont versées à leurs hauts responsables en 2020.

Il est choquant de constater que  la même année où la COVID a frappé les établissements privés à but lucratif, tuant des milliers de personnes, les hauts dirigeants de ces sociétés ont engrangé des primes qui se chiffrent en millions, même dans les cas où les bénéfices de leur société ont chuté.

Il n’est pas nécessaire d’avoir fréquenté les grandes écoles pour se rendre compte que c’est la corruption des sociétés qui a pourri le système des soins de longue durée de l’Ontario.

Bien que le plafonnement des taux de rendement ne soit qu’une solution à court terme, il devrait permettre d’enclencher l’engrenage du changement. Nous avons besoin de ce changement et nous en avons besoin maintenant. La vie de nos proches en dépend.

Le bras de fer est peut-être un jeu, mais on ne joue pas avec la vie des gens. Qu’il s’agisse des soins de longue durée, des soins à domicile ou de tout autre type de soins, il est temps de cesser de jouer avec les profits et la politique et d’introduire l’éthique dans l’équation.

— Warren (Smokey) Thomas est le président de l’OPSEU/SEFPO